Couvre-feu à 18 heures pour 15 départements : "une ineptie" pour Alain Joyandet

Depuis le début de la crise sanitaire que traverse notre pays, Alain Joyandet a toujours apporté en responsabilité son soutien à l'action gouvernementale dans la lutte contre l'épidémie de la Covid-19. Il fut d'ailleurs l'un des rares parlementaires Les Républicains à voter le plan de sortie du confinement en mai dernier. De la même manière, en tant qu'ancien Président du Groupe hospitalier de la Haute-Saône pendant 23 ans et Rapporteur du budget de la santé durant de nombreuses années au Sénat, il a également conscience des difficultés que rencontre le monde médical, et en particulier hospitalier, depuis le mois de mars dernier en raison de l'épidémie. C'est pourquoi, particulièrement soucieux des questions de santé publique, il n'avait jamais formulé publiquement de critiques concernant la gestion de la pandémie par le Chef de l'Etat jusqu'à présent, même lorsqu'il constatait certaines incohérences dans les orientations prises.

 

Aujourd'hui, avec la mise en place depuis la fin de la semaine dernière du couvre-feu à 18 heures pour 15 départements métropolitains, il a décidé de sortir de la réserve dans laquelle il avait volontairement souhaité entrer pour contribuer à la nécessaire "unité nationale". Cependant, le Sénateur de la Haute-Saône ne peut plus cautionner les dernières mesures prises dans le contexte épidémique actuel par l'exécutif pour gérer le pays et en particulier les départements du Nord-Est, dont la Haute-Saône. Pour lui, l'instauration d'un couvre-feu à 18 heures est particulièrement représentative des choix stratégiques absurdes, voire contre-productifs, pour endiguer le nombre de contaminations, pour plusieurs raisons.

 

Tout d'abord, Alain Joyandet ne voit pas en quoi abaisser le couvre-feu de 20 à 18 heures freinera la propagation du virus dans les départements concernés, surtout dans les EHPAD, sauf à donner bonne conscience aux pouvoirs publics avec le sentiment d'avoir agit. Bien au contraire, en réduisant les plages horaires de tous les lieux qui accueillent et reçoivent du public, cette décision va augmenter - en nombre de personnes - la densité des flux, ce qui est totalement en contradiction avec la distanciation physique prônée depuis des mois et qui - pour le coup - a fait toutes ses preuves. Ainsi, le couvre-feu à 18 heures pourrait aller à l'encontre de l'objectif qui a justifié son établissement, et ses effets être totalement à l'opposé de ceux que ses concepteurs lui ont attribués.

 

Ensuite, l'abaissement horaire du couvre-feu va compliquer tout aussi inutilement la vie des habitants des départements concernés, et plus encore de toutes les personnes qui travaillent... Dans le même ordre d'idées, il va fragiliser davantage tous les professionnels indépendants qui se trouvent déjà en grandes difficultés économiques, tels que les commerçants et a fortiori les restaurateurs, lesquels tentaient de s'en sortir en proposant des "plats à emporter" pour le dîner. 

 

Enfin, d'un point de vue plus opérationnel, le Sénateur de la Haute-Saône ne comprend pas comment les départements concernés par le couvre-feu à 18 heures ont été identifiés. Par exemple, comment se fait-il que quasiment tous les départements de la Bourgogne-France-Comté soient soumis à cette mesure et que le département de la Côte d'Or n'y soit pas, alors qu'il est le plus peuplé et urbanisé avec l'agglomération de Dijon, et qu'un département limitrophe et essentiellement rural comme la Haute-Saône y soit. Cette situation participe à l'incompréhension, voire à la défiance, grandissante des Français dans les choix gouvernementaux pour lutter contre le virus venu de Chine.

 

A vrai dire, pour Alain Joyandet, s'il y avait urgence à prendre des mesures au tout début de l'année 2021 pour faire face utilement à la Covid-19, c'était davantage en direction de l'accélération et de la massification de la vaccination des Français. Les collectivités ainsi que les élus locaux sont prêts à apporter leur contribution pour qu'elle soit la plus rapide et large possible. Il y a plus encore urgence à redonner la liberté - dans la sécurité - à toutes les forces vives de notre Nation : restaurateurs, commerçants, artisans, industries, sportifs, artistes... Il faut vite que la vie reprenne. Au fond, contrairement à ce qu'a affirmé le Président de la République dimanche, la question n'est pas de savoir s'il faut faire la guerre "le matin, le midi, le soir et la nuit", mais plutôt de la faire efficacement. Manifestement, le compte n'est y pas et les artifices de la communication gouvernementale - avec, entre autres, le tirage au sort de 35 citoyens - ne suffiront pas à le cacher.